Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), les résultats de plusieurs études expérimentales menées chez l’homme, au cours desquelles les personnes étaient soumises à des lumières riches en bleu issues d’éclairages artificiels ou d’écrans (ordinateurs, téléphones, tablettes, etc.) indiquent que la production nocturne de mélatonine (une hormone qui nous prépare au sommeil) est retardée ou bloquée par l’exposition, même très faible, à de la lumière riche en bleu.
Depuis quelques années, les smartphones proposent une option qui modifie les couleurs de l’écran le soir, réduisant les teintes froides (mais sans les supprimer complètement) et augmentant les teintes chaudes. Ainsi, l’écran émet à la fois moins de lumière et des couleurs plus orangées. Ce dispositif est censé ne pas gêner la production de mélatonine par le cerveau et respecter les étapes qui nous préparent au sommeil. Mais aucune étude n’a confirmé l’effet de ces modifications de lumière sur les taux sanguins de mélatonine.
Récemment, une étude de l’Université de Manchester menée chez la souris a apporté un peu de confusion sur cette question. Chez les souris de cette étude, il semblerait que les teintes jaunes soient plus efficaces que les teintes bleues pour réguler le rythme circadien (le rythme biologique tout au long de la journée, donc le sommeil). Mais les auteurs de cette étude n’ont pas mesuré les taux de mélatonine selon l’intensité et la couleur de la lumière, et cette étude ne contredit en rien les résultats obtenus avec la lumière bleue chez l’homme.
Plus intéressante est une étude de l’institut de recherche Philips aux Pays-Bas. Menée chez l’homme, elle a montré que l’usage d’une lumière dont on supprime complètement certaines teintes bleues (longueurs d’onde comprises entre 450 et 500 nm), mais dont on intensifie les autres longueurs d’onde (y compris les bleus en dessous de 450 nm), ne modifiait pas la production de mélatonine, alors qu’une lumière beaucoup plus faible mais contenant les bleus 450-500 nm la réduisait significativement. Ces résultats semblent donc indiquer que réduire l’intensité lumineuse d’un écran, ou le « jaunir », ne prévient pas la réduction de production de mélatonine, sauf à complètement supprimer les longueurs d’onde comprises entre 450 à 500 nm (ce que ne font pas les options « éclairage nocturne »).
Cette découverte ouvre la porte à la mise au point d’écrans ne produisant pas de longueurs d’onde comprises entre 450 et 500 nm, plus respectueux de la production de mélatonine.
Sources
« Effets sur la santé humaine et sur l’environnement (faune et flore) des diodes électroluminescentes (LED) », Avis de l’Anses, avril 2019
L’étude de l’Université de Manchester, 2019
L’étude de l’Institut de recherche Philips, 2018
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