Il semble les rendre plus lisses, mais pas à travers le mécanisme mis en avant.

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Derrière ce nom barbare (on parle aussi de « bis-aminopropyl diglycol dimaléate » ou de « bismaléimidoéthoxyéthane ») se cache une substance largement utilisée dans l’industrie plastique pour créer des résines résistantes à la chaleur et qui polymérisent (« sèchent ») à la lumière. Elle fait partie d’une famille de substances (les « accepteurs de Michael ») qui participent à la création de ponts entre des molécules de carbone ou entre celles-ci et des molécules de soufre.

 

Depuis quelques temps, une marque de cosmétiques capillaires a mis en avant cette substance pour réparer les cheveux abimés, en particulier ceux soumis régulièrement à une décoloration. Selon cette marque, le DBAD serait capable de rendre les cheveux abimés plus lisses et plus brillants en recréant des liens (les « ponts disulfures ») entre les protéines de kératine qui composent le cheveu. Qu’en est-il vraiment ?

 

Pour rappel, un cheveu se compose de kératine qui forme le corps du cheveu (son « cortex ») autour d’un canal vide (la « médulla »). Le tout est enveloppé d’une cuticule formée d’écailles de kératine.

Des chercheurs ont voulu en savoir plus sur les bénéfices du DBAD sur la structure du cheveu. Pour cela, ils ont appliqué cette substance sur des cheveux abimés et évalué leur transformation à l’aide d’un microscope électronique et d’un spectroscope. S’ils ont constaté un aspect plus lisse des cheveux après application de DBAD (les écailles de la cuticule apparaissent plus emboitées les unes aux autres), ils n’ont pas constaté de création de ponts disulfures dans le cortex des cheveux. Ils n’excluent pas la formation de ces ponts dans la cuticule mais n’ont pas pu l’observer (la cuticule est très fine). Ils ont obtenu les mêmes résultats avec un autre accepteur de Michael, l’acide shikimique.

 

Les auteurs de l’étude concluent que les effets observés sont probablement dus à un autre phénomène que la création de ponts disulfures ou autres réactions de Michael. Certains chimistes pensent que l’effet observé serait dû à la polymérisation du DBAD sous l’effet de la lumière, créant ainsi des microcouches de plastique à la surface des cheveux (ce qui expliquerait le resserrement des écailles).

 

Le DBAD est-il toxique ? À ce jour, il n’existe aucune donnée allant dans ce sens. Néanmoins, une alerte a été lancé par des consommateurs sur la toxicité d’un additif parfumé présent dans certains produits contenant du DBAD. Cet additif, le butylphényl méthylpropional ou lilial, est soupçonné d’avoir des effets négatifs sur la fertilité et il est interdit dans l'Union européenne depuis le 1er mars 2022. En conséquence, les utilisateurs de cosmétiques capillaires contenant du DBAD sont invités à s'assurer que cet additif interdit ne figure pas dans la liste des ingrédients.

 

Sources

L’article de microscopie électronique, 2021

L’opinion des autorités européennes sur le lilial, 2020

Attention Cet article d'actualité rédigé par un auteur scientifique reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à la date de sa publication. Il ne s'agit pas d'une page encyclopédique régulièrement remise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc.

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