Le disulfirame est un médicament utilisé depuis de nombreuses années pour aider les personnes alcoolodépendantes à se libérer de leur addiction. En effet, ce médicament provoque, lors de consommation de boissons alcoolisées, des effets indésirables désagréables (nausées, vomissements, malaise). Dans le cadre d’une prise en charge multidisciplinaire de l’alcoolodépendance, il peut contribuer au sevrage.
Le disulfirame agit sur de nombreuses enzymes du corps. En particulier, il inhibe une enzyme, la gasdermine D, qui est impliqué dans la réponse immunitaire : cette enzyme est nécessaire à la formation des « pièges extracellulaires » produits par des globules blancs (les « neutrophiles ») pour contrôler les virus ou les bactéries. Ces pièges stimulent une réponse inflammatoire qui peut endommager les cellules environnantes. Dans le contexte de la Covid-19, ces pièges seraient impliqués dans les lésions des poumons observées chez certains patients.
Pour cette raison, des chercheurs ont évalué les effets du disulfirame sur les hamsters syriens (une espèce animale sensible à la Covid-19) expérimentalement infectés. Ils ont observé que le disulfirame semblait réduire les lésions pulmonaires dues à la Covid-19 chez ces hamsters.
Un essai clinique est en cours à San Francisco pour évaluer si le disulfirame est capable de réduire les conséquences pulmonaires de la Covid-19 chez l’homme. Cette étude va comparer le disulfirame à un placebo chez 60 personnes atteintes de formes sévères de Covid-19, par ailleurs prises en charge selon les protocoles de soins habituels (donc en plus de ces soins).
En conclusion, il est encore trop tôt pour savoir si le disulfirame sera une arme de plus pour soigner les personnes atteintes de formes sévères de Covid-19. Les résultats de l’étude clinique sont attendus pour le mois de mai 2022.
Sources
L’étude sur le disulfirame chez les hamsters syriens infectés, 2022
Le protocole de l’étude clinique en cours (NCT04485130)
Attention
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