Que sont les « anticorps facilitants » ? Dans de rares cas, il arrive que l’immunité développée à la suite d’une infection ou d’une vaccination puisse faciliter une réinfection ou une infection par un micro-organisme voisin. Pendant longtemps, les scientifiques ont pensé que ce phénomène (exceptionnel) était dû à la présence d’anticorps particuliers facilitant cette nouvelle infection (anticorps dits « facilitants »).
Aujourd’hui, on sait qu’il n’existe pas d’anticorps particuliers de ce type, mais que, selon leur concentration dans le sang, certains anticorps peuvent être à la fois protecteurs ou facilitants. Lorsqu’un anticorps de ce type est présent en grande quantité dans le sang, il protège contre la maladie. Lorsqu’il diminue après quelques mois ou années (ce qui est normal), il peut se révéler facilitant, le plus souvent vis-à-vis d’une infection avec un micro-organisme proche mais pas identique à celui ayant provoqué l’immunité initiale (par exemple, une autre souche du même micro-organisme).
Dans le contexte de la vaccination, la prévention de ce phénomène passe par des injections de rappel suffisamment rapprochées pour maintenir un taux sanguin d’anticorps élevé, mais aussi par l’usage de vaccins actualisés pour les souches dominantes au moment de la vaccination (comme on le fait pour la grippe chaque année).
Dans le contexte de la Covid-19, le seul exemple de facilitation de l’infection a été observé (dans le tube à essai) avec le sérum de patients ayant souffert d’une forme sévère de cette maladie. Ces sérums augmentaient le nombre de cellules en culture infectées par SARS-CoV-2. Mais ce phénomène n’a pas été observé de manière significative dans la vie réelle : il n’existe que peu de cas documentés où un deuxième épisode de Covid-19 a été plus grave que le premier. De la même manière, chez les personnes vaccinées contre la Covid-19 qui souffrent néanmoins de cette infection, les symptômes sont moins sévères que chez les personnes non vaccinées infectées.
Récemment, des mouvements de désinformation vaccino-sceptiques ont mis en avant le risque d’apparition d’anticorps facilitants après la vaccination contre la Covid-19. Comme nous l’avons vu, il n’existe pas d’anticorps facilitants à proprement parler, il s’agit plutôt d’une affaire de concentration sanguine. Néanmoins, face à ce risque éventuel, les autorités de santé surveillent étroitement la santé des personnes vaccinées, pendant les essais cliniques et après. Début 2022, 4 milliards de personnes ont été vaccinées contre la Covid-19 et aucun signe de maladie aggravée par la vaccination n’a été signalé.
Sources
Un article sur les rares maladies parfois aggravées par l’immunité, VIDAL Actus, 2020
L’étude sur le sérum de patients atteints de formes graves de Covid-19, 2020
Attention
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