Un vaccin qui serait beaucoup plus facile à produire, y compris dans les pays en voie de développement.

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Le coronavirus de la Covid-19 se fixe à nos cellules par une protéine de sa membrane, la protéine S (pour Spike). Dans la description des différents types de vaccins contre la COVID-19, on fait souvent appel à la notion de « protéine S stabilisée en configuration de préfusion ». Cette forme de S est utilisée dans tous les vaccins contre la COVID-19 commercialisés à ce jour, sauf le vaccin AstraZeneca. Parce qu’elle est « figée » dans la position qu’elle adopte avant de se fixer aux récepteurs ACE2 des cellules cibles, la protéine S stabilisée semble produire des anticorps neutralisants de meilleure affinité et, donc, améliorer le taux de protection des vaccins qui l’emploient.
Cette stabilisation est assurée par la substitution de 2 acides aminés de la protéine S « naturelle » par des prolines, d’où l’appellation parfois utilisée de « protéine S-2P ». Malgré son qualificatif de « stabilisée », cette forme de protéine S reste encore variable (mais moins que la forme non stabilisée) et, surtout, sa production industrielle est lourde et coûteuse, avec un assez mauvais rendement.
Récemment, plusieurs équipes de recherche ont travaillé à améliorer la stabilisation de la protéine S-2P et ont récemment mis au point une protéine S-6P « superstable » (également appelée HexaPro) où 6 acides aminés ont été substitués par des prolines. Cette nouvelle forme est également 10 fois plus facile à produire industriellement, peut être entreposée à température ambiante et supporte 3 cycles de congélation/décongélation.
La séquence d’ADN codant pour HexaPro a été incorporée à un virus de la maladie de Newcastle (NDV, un virus qui touche les oiseaux) pour obtenir un nouveau vaccin recombinant, NDV-HXP-S. Chez la souris et le hamster, ce vaccin aurait montré une remarquable efficacité contre la COVID-19. Mais la grande nouveauté de ce vaccin est que, fondé sur un virus des oiseaux, il peut être produit dans des œufs, comme le sont les vaccins contre la grippe saisonnière. Ce mode de production est moins coûteux que les cultures cellulaires et il est maîtrisé par de nombreux pays en voie de développement. De plus, si un œuf peut produire 1 ou 2 doses de vaccin antigrippal, il peut produire jusqu’à 10 doses de vaccin NDV-HXP-S ! Une aubaine pour obtenir un vaccin accessible à tous, dans tous les pays.
NDV-HXP-S est entré en études cliniques, par voie injectable, en Thaïlande, au Vietnam et au Brésil (sous le nom de ButanVac). De plus, une version intranasale va être évaluée au Mexique par le laboratoire Avi-Mex.
Dans les deux cas, le vaccin est administré associé à un adjuvant, CpG 1018, qui est déjà utilisé dans un vaccin contre l’hépatite B, HEPLISAV-B, qui a reçu une autorisation de mise sur le marché dans l’Union européenne le 18 février 2021.
Par ailleurs, les équipes à l’origine d’HexaPro travaillent déjà à l’identification d’une protéine S encore plus stable pour une version améliorée de ce vaccin déjà innovant.
 
Sources
Un article scientifique sur ce vaccin, septembre 2020
Un article du New York Times sur le sujet, avril 2021
Le protocole de l’étude menée sur ce vaccin en Thaïlande
Attention Cet article d'actualité rédigé par un auteur scientifique reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à la date de sa publication. Il ne s'agit pas d'une page encyclopédique régulièrement remise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc.

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