Début août 2021, il n’existe pas encore de traitement spécifique contre la Covid-19 (mais il en existe pour soulager les complications de cette infection, par exemple les dérivés de la cortisone). Contrairement à ce qui est affirmé ici ou là, ni l’hydroxychloroquine, ni l’azithromycine, ni l’ivermectine, ni la colchicine, ni les statines, ni la vitamine D, ni le zinc n’ont démontré d’efficacité contre la Covid-19 lors d’essais cliniques de qualité. Ce bilan négatif pose évidemment la question de la raison de cette absence de traitement spécifique. La réponse est multiple.
Tout d’abord, il est important de réaliser que, alors que nous disposons d’antibiotiques contre une grande variété de bactéries, les traitements antiviraux efficaces sont beaucoup plus rares : contre les herpès, le VIH/sida et l’hépatite C, essentiellement. Il n’existe pas de traitement spécifique contre les virus des rhumes, de la bronchiolite du nourrisson, des hépatites A et B, de la poliomyélite… pour ne citer que quelques exemples. Identifier des substances antivirales capables de traiter une infection déclarée est difficile.
Ensuite, dans le contexte de la Covid-19, la recherche de traitement s’est faite en testant « à l’aveugle » de très nombreux médicaments déjà prescrits contre d’autres maladies (parce qu’on maîtrise déjà leur usage). Mais ces tests ont eu lieu dans le tube à essai où il est relativement facile d’empêcher l’infection des cellules en culture par le SARS-CoV-2. Cela ne signifie pas que la substance identifiée sera efficace chez l’homme (et surtout qu’elle sera efficace à des doses ne présentant pas de danger majeur).
De fait, la plupart des substances identifiées dans le tube à essai sont des substances qui modifient les membranes des cellules (ce qui gêne la pénétration du virus). Mais modifier la membrane de nos cellules n’est pas forcément compatible avec leur bon fonctionnement, donc avec notre sécurité !
Pour contourner ce problème, il faudrait imaginer une substance antivirale parfaitement adaptée au SARS-CoV-2, par exemple qui bloque une protéine nécessaire à sa multiplication, sans interférer avec nos protéines cellulaires. C’est de cette manière qu’ont été identifiés les traitements contre le VIH ou l’hépatite C.
Un autre élément de réponse sur l’absence de traitement spécifique est illustré par le cas de la grippe. Nous disposons d’un traitement contre cette infection virale (oseltamivir) mais il n’est efficace que s’il est pris dans les deux jours qui suivent le début des symptômes. En pratique, ce médicament sert peu parce que, entre le temps nécessaire pour réaliser qu’il ne s’agit pas d’un simple rhume, celui pour aller voir son médecin généraliste et celui pour se procurer le médicament, deux jours sont largement passés et le médicament n’a plus d’intérêt ! Il n’est même pas intéressant de prendre ce médicament en préventif tous les jours en hiver, mieux vaut se faire vacciner ce qui revient au même en termes de prévention.
En conclusion, peut-être aurons-nous un jour un médicament contre la Covid-19, mais il ne servira qu’aux personnes non vaccinées qui font une forme symptomatique.
Sources
Sur les essais de substances « à l’aveugle » qui dégradent les membranes des cellules
Sur l’oseltamivir
Attention
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