La piste est intéressante mais probablement difficile à concrétiser.

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Récemment, la presse s’est fait écho d’un communiqué de presse d’une équipe de recherche française qui dit avoir identifié une substance capable de bloquer l’entrée du coronavirus dans les cellules de l’appareil respiratoire.
Pour comprendre ce travail, il faut se souvenir que le coronavirus pénètre dans les cellules respiratoires par le biais d’une protéine présente sur la membrane de ces cellules, appelée ACE2. Celle-ci sert habituellement à transformer une substance que nous produisons, l’angiotensine-2, en angiotensine-1. Ces deux substances sont impliquées dans le contrôle de la pression sanguine.
L’angiotensine-2 se fixe à ACE2 comme une clé dans une serrure. Mais le coronavirus est également capable de se fixer à cette serrure via une de ces protéines de surface, la protéine S. L’équipe française a imaginé une « fausse clé » (un « peptide ») qui viendrait empêcher la protéine S de se fixer sur ACE2 (un peu comme un chewing-gum qui viendrait boucher la serrure). Dans le tube à essai, ce peptide a effectivement empêché le coronavirus d’infecter des cellules respiratoires en culture.
Cette piste intéressante est néanmoins bien trop préliminaire pour susciter l’enthousiasme. En effet :
  • on ne sait rien de l’efficacité de ce peptide chez l’animal ou l’homme. Très souvent, des peptides prometteurs dans le tube à essai se sont révélés décevants chez les êtres vivants. En particulier, ils semblent peu stables et rapidement détruits. Pour cette raison, les peptides utilisés comme traitement aujourd’hui doivent être administrés par injection.
  • on ne sait rien de la sécurité de ce peptide qui pourrait bloquer la transformation de l’angiotensine-2 en angiotensine-1 et perturber ainsi le maintien de la pression sanguine, entre autres. La protéine ACE2 possède un rôle physiologique et la bloquer n’est peut-être pas une bonne idée.
  • ce peptide semble plutôt agir en prévention (d’où l’idée de l’administrer sous forme de spray nasal, là ou le coronavirus se développe en premier), ce qui obligerait à se l’administrer tout le temps, pour toutes les personnes, pour toute la durée de la pandémie (et après, car il est très probable que le coronavirus soit parmi nous pour longtemps).
Pour toutes ces raisons, il semble très prématuré de considérer ce spray comme un traitement possible de la Covid-19.
Par ailleurs, d’autres sprays nasaux sont en cours d’évaluation qui contiennent une substance du système immunitaire, l’interféron-bêta.

Sources
Découverte d'un peptide bloquant l'infection des cellules pulmonaires par le SARS-CoV-2, 2020
An hACE2 peptide mimic blocks SARS-CoV-2 Pulmonary Cell Infection, BioRxiv, 2020
Attention Cet article d'actualité rédigé par un auteur scientifique reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à la date de sa publication. Il ne s'agit pas d'une page encyclopédique régulièrement remise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc.

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