Pas encore suffisamment pour les généraliser.

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Un test sérologique consiste à détecter et doser dans le sang les anticorps que le système immunitaire a fabriqués contre certaines protéines spécifiques du coronavirus. Il existe différents types d’anticorps : immunoglobulines M, G ou A qui apparaissent progressivement pendant la maladie. Seuls les anticorps dits « neutralisants » protègent d’une éventuelle réinfection.
Les tests sérologiques disponibles actuellement (il y en aurait 260 différents qui cherchent à être homologués !) sont encore imparfaits. Certains ne mesurent qu’un seul type d’anticorps (ce qui est moins efficace que de détecter plusieurs types en même temps). De plus, ils dépistent des anticorps sans pouvoir prédire si ces anticorps sont protecteurs vis-à-vis d’une réinfection. Ils servent seulement à savoir si une personne a été infectée par le coronavirus.

Aujourd’hui, les tests sérologiques utilisés en France pour la recherche épidémiologique ont une sensibilité de 90 % et une spécificité de 98 %. Ce qui veut dire que le test détecte les anticorps spécifiques du coronavirus chez 90 % des gens qui l’ont vraiment attrapé, et qu’il n’en détecte pas chez 98 % de ceux qui ne l’ont pas eu. Cela peut sembler très fiable, mais cela signifie également que 10 % des personnes contaminées auront un test négatif à tort, et que 2 % des non-contaminées auront un test faussement positif.
En d’autres termes, si on pratique un test sérologique sur 100 personnes qui n’ont pas été contaminées mais qui veulent savoir si elles ont eu la COVID-19, 2 personnes seront faussement rassurées par un test positif. Elles penseront avoir été contaminées et  oublieront les gestes barrières alors qu’elles peuvent potentiellement attraper et transmettre le virus. Deux sur 100, cela peut paraître peu, mais cela fait 2000 sur 100 000, 20 000 sur un million, ce qui fait beaucoup de personnes faussement rassurées qui pourraient attraper et transmettre le coronavirus.

Que 10 % des personnes contaminées ait un test sérologique faussement négatif est moins grave, puisqu’elles continueront à appliquer les gestes barrières alors qu’elles ont des anticorps. Personne n’en pâtira.
C’est à cause de tous ces problèmes de fiabilité que la Haute autorité de santé s’est prononcée contre l’usage des tests sérologiques actuels pour délivrer des « passeports d’immunité » qui dispenseraient leurs bénéficiaires des mesures de distanciation sociale.
Des tests sérologiques plus performants devraient être disponibles dans les semaines ou les mois qui viennent.
 
Sources
Les recommandations de la Haute autorité de santé sur les tests sérologiques, 2 mai 2020
Attention Cet article d'actualité rédigé par un auteur scientifique reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à la date de sa publication. Il ne s'agit pas d'une page encyclopédique régulièrement remise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc.

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