Aucune preuve scientifique ne vient confirmer cette idée reçue.

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D’où vient cette idée qu’un refroidissement prolongé de la tête puisse provoquer un problème de santé (en l’occurrence, une infection respiratoire de type rhume ou bronchite, par exemple) ? En d’autres termes, que penser de la théorie du refroidissement qui favorise les infections respiratoires ?
L’origine de ce concept vient d’une expérience célèbre menée par Louis Pasteur en 1877. Alors que les poules ne sont spontanément pas sensibles à la bactérie du charbon (ou anthrax, une maladie infectieuse qui touche les mammifères herbivores et l’homme), il est possible de les rendre vulnérables à cette maladie en les forçant à vivre les pattes dans l’eau froide. La raison de cette vulnérabilité acquise tient au fait que, si la température corporelle normale des poules est d’environ 41°C (ce qui ne convient pas à la bactérie du charbon), patauger dans l’eau froide la réduit à 38°C ce qui est compatible avec la multiplication de cette bactérie. Mais lorsque nous sortons les cheveux mouillés, notre température corporelle ne change pas significativement…
L’hypothèse habituellement évoquée pour justifier un effet du froid sur le risque de rhume est que l’air froid réduit la circulation du sang dans les parois internes du nez, des sinus et des bronches, nuisant ainsi à l’efficacité du système immunitaire. Les études cliniques portant sur l’influence du refroidissement du corps ou de la tête sur la vulnérabilité aux infections respiratoires ont donné des résultats contradictoires. De plus ces études sont souvent peu fiables. Par exemple, une étude a mesuré le risque de développer un rhume 4 à 5 jours après un bain de pieds glacé (comparé à un bain de pied tiède). Le nombre de rhumes était significativement plus élevé dans le groupe « bain glacé » (13 rhumes contre 5 dans le groupe « bain tiède », sur deux groupes de 90 personnes). Mais cette petite étude n’a jamais été confirmée par d’autres études de plus grande taille. De plus, de nombreuses études provoquant un rhume par inoculation du rhinovirus qui en est responsable n’ont pas démontré d’effet favorisant de l’exposition au froid.
Concernant les cheveux mouillés en cas de temps froid, le seul effet observé a été d’éventuelles douleurs des sinus ou situées derrière les yeux (similaires à celles observées en mangeant une glace trop rapidement), mais pas d’augmentation des infections respiratoires. Les douleurs observées correspondent probablement à une fermeture soudaine de certains sinus (pour protéger le cerveau de ce qui est perçu comme un risque de chute de température dans cet organe). Certaines personnes chauves qui sortent non couvertes par temps froid connaissent également ce type de douleurs.
En conclusion, il n’existe aucune preuve d’un effet des cheveux mouillés par temps froid sur le risque d’affections respiratoires.
 
Sources
 
L’hypothèse évoquant les effets de l’air froid sur les muqueuses respiratoires (et les études sur l’inoculation), 2002
https://www.researchgate.net/profile/Ronald_Eccles/publication/11099267_Acute_Cooling_of_the_Body_Surface_and_the_Common_Cold/links/0deec518fe33a054bc000000/Acute-Cooling-of-the-Body-Surface-and-the-Common-Cold.pdf
 
L’étude sur les effets d’un bain de pieds glacé, 2005
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16286463
 
L’hypothèse expliquant les douleurs des sinus après une exposition au froid les cheveux mouillés, 2012
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22975448
 
Attention Cet article d'actualité rédigé par un auteur scientifique reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à la date de sa publication. Il ne s'agit pas d'une page encyclopédique régulièrement remise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc.

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