Cette question très intéressante concerne, bien sûr, les îles de petite taille : la Grande-Bretagne et le Japon sont des îles mais ne sont pas vécues différemment de pays continentaux. Que sait-on de la santé mentale des personnes qui vivent sur de petites îles ?
Pour répondre, il faut distinguer les personnes qui y habitent de manière permanente et les visiteurs. Chez ces derniers, il existe un syndrome particulier, la « fièvre des îles » (« island fever »), qui est une forme particulière de claustrophobie, paradoxalement plus intense lorsque les personnes restent sur les côtes (la vie à l’intérieur des terres atténue le sentiment d’enfermement).
Les études portant sur la santé mentale des habitants permanents des petites îles sont rares mais intéressantes. Une étude portant sur l’Écosse et ses îles a montré que la santé mentale des personnes vivant sur les petites îles était globalement meilleure que celle des personnes vivant dans le reste de l’Écosse. Les auteurs de cette étude émettent l’hypothèse que la force des liens solidaires qui unissent les habitants de ces îles contribue à leur bonne santé mentale.
Par ailleurs, une étude néerlandaise a cherché à approfondir une notion connue : dans le monde, le taux de dépression augmente lorsqu’on se rapproche des pôles. Plus l’hiver est long dans le pays, plus les troubles dépressifs sont fréquents. L’équipe néerlandaise a cherché à savoir si, à une latitude donnée, les habitants des îles étaient plus ou moins touchés que les habitants des pays continentaux. Leurs résultats montrent que l’effet négatif de la latitude (la proximité aux pôles) est plus intense sur les îles, et en particulier chez les femmes. De plus, cette étude suggère que le taux de dépression sur les îles est proportionnel aux habitudes culturelles : plus les habitants ont un mode de vie individualiste, plus fréquente est la dépression (ce qui renforce l’hypothèse « solidaire » de l’étude écossaise).
Autre élément à prendre en compte sur les petites îles, l’offre de soins en termes de santé psychique est moindre que dans les zones de plus grande taille. Ainsi, il est plus difficile de traiter les troubles psychiques avant qu’ils ne deviennent invalidants, ce qui peut donner une impression de plus mauvaise santé mentale en général.
En conclusion, il semble que, sur les petites îles, la santé mentale soit surtout influencée par le climat (en particulier, la longueur de l’hiver) et par les habitudes locales en termes de vie en communauté et de solidarité. Aucune étude ne s’est penchée sur l’influence de la taille de l’île ou du nombre d’habitants.
Sources
L’étude écossaise, 2022
L’étude néerlandaise, 2021