Sous le concept de kinésiologie se trouvent des choses assez différentes selon les pays et les contextes où on la pratique. Littéralement « science du mouvement », la kinésiologie peut être complémentaire de l’ergonomie ou de la kinésithérapie (en particulier chez les sportifs de haut niveau, où elle désigne outre-Atlantique l’usage de bandes élastiques sur les articulations). En France, elle est le plus souvent une pratique destinée à aider les personnes à gérer leur stress ou leur anxiété.
Dans ce dernier contexte, la kinésiologie repose sur un principe de base : le stress nuit à la performance des muscles. Ainsi, en évaluant la résistance musculaire face à une pression, il serait possible de déterminer le niveau de stress ou d’anxiété de la personne à un moment donné. Associée à une réflexion personnelle sur les sources de ce stress (proche en cela de la psychothérapie), la kinésiologie permettrait d’identifier à la fois les causes du stress et les moyens de le soulager.
Les kinésiologues utilisent un test, le « test musculaire », pour évaluer le stress : en demandant au patient de résister à une poussée (par exemple sur la main, le bras tendu), ils se disent capables d’évaluer le stress provoqué par une pensée, une émotion, une phrase.
Le patient évoque les éléments qui pourraient être à la source de son anxiété et, pour chacun d’entre eux, le kinésiologue effectue un test musculaire pour en valider, ou pas, la pertinence. À l’inverse, lorsque le patient évoque des pistes pour soulager son anxiété, le kinésiologue recherche celle qui restaure le mieux le tonus musculaire.
Dans une forme un peu différente (la « kinésiologie appliquée »), certains kinésiologues placent dans la main du patient différentes substances destinées à identifier la cause d’une maladie ou à restaurer sa santé. Dans ce dernier cas, celle qui améliore le mieux le tonus musculaire est considérée comme étant la plus à même de soulager ses troubles.
Il n’existe aucune étude scientifique fiable confirmant l’hypothèse de base de la kinésiologie appliquée au stress et l’intérêt du test musculaire dans ce contexte. Il est donc impossible de se prononcer sur cette pratique. Dans le cas des substances placées dans la main du patient, une étude contrôlée publiée en 2014 a conclu que : « La kinésiologie (appliquée) n'a pas démontré qu'elle était un outil de diagnostic utile ou fiable sur lequel on peut fonder des décisions en matière de santé. »
En 2017, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a publié un rapport sur la kinésiologie dont les conclusions sont que : « Au total, ni la kinésiologie appliquée professionnelle ni la kinésiologie énergétique n'ont fait à ce jour la preuve de leur efficacité et le test musculaire manuel sur lequel elles reposent n'a pas fait la preuve de sa reproductibilité ni de sa validité diagnostique. Les données en termes de sécurité sont insuffisantes, et des risques potentiels ont été soulignés, liés notamment au positionnement du praticien, et au risque de mise sous emprise. »
Sources
Le rapport de l’Inserm sur la kinésiologie, 2017
Les résultats de l’étude contrôlée sur la kinésiologie appliquée, 2014