Votre question fait référence à une lettre envoyée par des syndicats d’enseignants et des associations de parents d’élèves au ministre de l’Éducation, à la suite de la mise en place d’ateliers de méditation de pleine conscience (MPC) dans certains collèges. Ces ateliers ont pour vocation d’apprendre aux adolescents à améliorer leur capacité d’attention et à gérer leur stress.
La MPC, développée dans un contexte médical, apprend à porter délibérément son attention sur le moment présent, sans jugement de valeur. Pendant une séance, malgré les images et les pensées qui surgissent, la personne maintient une attention soutenue et focalisée, avec un changement de perspective par rapport à soi. Si elle s’inspire de techniques bouddhistes, la MPC est laïque et ne promeut aucune forme de religion.
Cette technique de relaxation et de recentrage de l’attention a été évaluée en 2014 par une analyse croisée (méta-analyse) de 47 études cliniques (dont seulement 10 ont été estimées de bonne qualité) portant sur plus de 3 000 patients anxieux ou déprimés. Dans ces études, la MPC ne s’est pas révélée plus efficace que d’autres thérapies non médicamenteuses utilisées dans la gestion du stress ou de l’anxiété (comme l’activité sportive, les activités de relaxation musculaire ou les thérapies cognitivo-comportementales). En 2018, une nouvelle analyse croisée de 18 études a montré que la MPC, utilisée comme seule intervention thérapeutique, avait « un effet modeste à modéré sur l’anxiété et la dépression ».
En octobre 2017, une quinzaine d’experts, sous la direction d’un psychologue australien se sont inquiétés de voir la MPC utilisée pour une grande diversité de troubles, sans preuves formelles, simplement parce qu’elle était devenue populaire. Mais, même pour ces praticiens qui s’inquiétaient de son usage parfois irraisonné en psychiatrie, cette pratique n’est pas remise en cause dans son principe. En particulier, aucun effet indésirable négatif n’a été rapporté dans les études.
L’attitude des syndicats d’enseignants et des associations de parents porte essentiellement sur les structures qui pourraient proposer cette pratique et dont certaines pourraient avoir des visées de type sectaire ou de gain financier. De fait, la Milivudes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a reçu plusieurs signalements au sujet de la méditation (ainsi qu’au sujet du yoga) ces dernières années. Mais cette Mission n’a pas, pour l’instant, émis de mise en garde particulière concernant la MPC.
Pour en savoir plus
La méta-analyse de 47 études sur la MPC de 2014 (en anglais)
Les dérives sectaires identifiées par la Milivudes, 2010
Un article qui fait le point sur cette polémique, France Info, 20 janvier 2021
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