Le curcuma (également appelé turméric) est une plante de la famille du gingembre qui a longtemps été utilisé comme un conservateur alimentaire naturel. La poudre de curcuma est l’ingrédient principal du curry et lui confère son intense couleur jaune. Au cours de recherches récentes, la poudre de rhizome de curcuma a été proposée comme anti-inflammatoire dans des maladies inflammatoires chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde et l'arthrose.
Le rhizome de curcuma contient un ensemble de substances, les curcuminoïdes, dont la curcumine est la plus abondante. Chimiquement, ces substances possèdent des propriétés anti-inflammatoires. Néanmoins, du fait d’une absorption intestinale faible, des concentrations sanguines de curcumine de l’ordre de celles utilisées dans les études ne peuvent pas être obtenues par voie orale (la curcumine y était administrée en perfusion).
Des études ont montré qu’une substance issue du poivre, la pipérine, augmente significativement l’absorption de la curcumine par l’intestin. Mais elle agit en augmentant la perméabilité globale de la paroi de l’intestin ce qui peut être source de problèmes de santé. Plus récemment, de nouvelles formes de curcuma sont apparues, en théorie plus absorbables par l’intestin (nanoparticules, phospholipides). Mais les données cliniques manquent sur leur efficacité et leur éventuelle toxicité.
En 2016, une analyse croisée d’études existantes sur arthrose et curcumine a conclu qu’il existe des signes encourageants concernant l’effet d’un gramme de curcumine par jour en cas d’arthrose. Néanmoins, les études analysées concernaient de petits nombres de patients et ces signes favorables restent à confirmer par une étude plus vaste.
En l’absence d’études convaincantes, les autorités de santé européennes ont, en 2018, estimé que les produits contenant de la curcumine « ne peuvent pas prétendre contribuer au fonctionnement normal des articulations ». Cette revendication d’effet est désormais interdite pour les compléments alimentaires contenant de la curcumine.
Le curcuma est l’exemple typique de la faiblesse des études sur l’efficacité des substances d’origine naturelle. Plus de 120 études cliniques ont fait l’objet de publications scientifiques, mais aucune n’était suffisamment puissante pour en tirer des conclusions définitives. Néanmoins, les articles scientifiques dithyrambiques ne manquent pas, souvent à l’initiative d’entreprises qui commercialisent le curcuma. Il reste à espérer que les nouvelles formes de curcumine (par exemple, les nanoparticules) permettront aux entreprises qui les produisent d’investir les fonds nécessaires à de vastes études méthodologiquement irréprochables.
Sources
La monographie sur le curcuma de l’Agence européenne du médicament, 2017
L’analyse croisée des études portant sur arthrose et curcuma, 2016
Une étude comparant curcuma et ibuprofène dans le traitement de l’arthrose du genou, 2014
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