L’oxygène est un gaz indispensable à la vie. Privé d’oxygène, l’organisme ne peut survivre. Lorsque la concentration de l’air en oxygène est trop faible, comme c’est le cas en haute altitude, la capacité à l’effort est fortement diminuée et des troubles de la conscience peuvent apparaître.
Mais, à l’inverse, un excès d’oxygène peut-il être dangereux ? La question se pose dans les services hospitaliers où des patients reçoivent de fortes doses d’oxygène pendant plusieurs jours, voire semaines, comme c’est le cas aujourd’hui avec les patients atteints de Covid-19 sévère.
Lorsqu’il est durable, l’excès d’oxygène, ou « hyperoxie », peut provoquer de multiples troubles : diminution de l’efficacité des poumons, fatigue cardiaque, diminution du fonctionnement des reins, diminution de l’irrigation sanguine du cerveau, etc. Ces troubles, qui ne sont pas mortels en tant que tels, peuvent aggraver la maladie pour laquelle le patient est placé sous oxygène (en particulier lorsqu’il souffre de bronchopneumonie chronique obstructive, d’asthme ou d’insuffisance respiratoire liée à l’obésité, par exemple).
L’excès d’oxygène au cours d’une hospitalisation (ou d’une administration d’oxygène au domicile) n’est pas rare. Récemment, une étude a suggéré qu’il pourrait être observé chez 50 à 84 % des patients. La raison principale de cette situation est le fait que les appareils couramment utilisés pour mesurer la saturation du sang en oxygène (les « oxymètres de pouls ») sont excellents pour identifier une oxygénation insuffisante du sang, mais moins performants pour distinguer une oxygénation optimale d’une oxygénation excessive.
En 2018, une analyse croisée de diverses études portant sur l’administration d’oxygène (chez des patients souffrant d’AVC, d’infarctus du myocarde ou de septicémie, par exemple) suggérait qu’une hyperoxygénation pendant plusieurs semaines, voire mois, pourrait augmenter la mortalité de 10 à 20 % chez ces patients. Mais les résultats de cette analyse sont controversés pour des raisons méthodologiques.
En 2020 ont été publiés les résultats d’une grande étude clinique (ICU-ROX) sur les risques de l’oxygénothérapie. Cette étude comparait les effets d’un usage modéré de l’oxygénothérapie (forte surveillance de la saturation du sang en oxygène) à ceux d’un usage plus généreux (surveillance normale), pendant les 28 premiers jours de l’hospitalisation. Aucune différence n’a été observé entre les deux groupes de 500 patients, ce qui relativise les effets nocifs de l’excès d’oxygène qui avaient précédemment décrits.
Malgré ces résultats rassurants, des recommandations existent néanmoins, qui fixent la saturation maximale du sang en oxygène qu’il faut viser lors de mise sous oxygène (94 % sauf cas particulier), le moyen de mesurer cette saturation de manière fiable, ainsi que la durée optimale de l’oxygénothérapie (pour les patients qui n’en ont pas besoin tout au long de leur vie).
Sources
Un article de synthèse sur l’hyperoxie, 2019
Les résultats de l’étude ICU-ROX, 2020
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