Sur les réseaux sociaux, un régime alimentaire particulier a été récemment mis en avant (en particulier dans les milieux masculinistes et antivéganistes américains), le régime carnivore, où il s’agit de ne manger que de la viande ou des produits d’origine animale (beurre, fromages, charcuteries, etc.). Ce régime est non seulement censé faire perdre du poids, mais également améliorer la santé mentale et physique. Il est également vanté comme une alimentation pour « les hommes, les vrais »…
Soyons clair d’entrée de jeu : ce régime, déséquilibré comme le sont la plupart des régimes, n’est pas compatible avec une bonne santé lorsqu’il est pratiqué de manière durable. Les produits d’origine animale n’apportent quasiment aucun glucide (« sucres », notre source principale d’énergie), aucune fibre alimentaire, aucun acide gras insaturé oméga-3, par exemple. De plus, ces aliments, riches en graisses saturées, favorisent les problèmes cardiovasculaires (excès de cholestérol, infarctus, AVC) mais aussi, en excès, certains cancers comme le cancer colorectal.
Face à une alimentation exclusivement composée de produits d’origine animale, notre corps va devoir chercher l’énergie dont il a besoin dans d’autres sources que les glucides : en particulier les graisses qu’il transforme en corps cétoniques, une autre forme d’énergie. En cela, le régime carnivore est proche du régime cétogène (ou Atkins), sans les fibres alimentaires des fruits et des légumes. De nombreuses études ont montré que ce type de régime, rapidement efficace pour la perte de poids, s’accompagne de nombreux effets indésirables : maux de tête, fatigue, constipation, crampes musculaires, etc. De plus, une consommation excessive de protéines est nocive pour les reins.
Dans ce cas, comment font les animaux purement carnivores, comme les grands fauves ? Leur alimentation est complétée par le contenu de l’appareil digestif de leurs proies, qui leur apporte en particulier des fibres, des vitamines, des acides gras essentiels à la vie, etc. D’autres animaux dits « carnivores », comme les loups ou les renards, sont en fait plutôt des omnivores à tendance carnivore. Ils mangent aussi des fruits, des baies, des œufs, etc.
Enfin, n’oublions pas de mentionner que la consommation excessive de viandes n’est pas sans impact sur la santé… de notre planète. Selon les données du gouvernement, entre une alimentation riche en viandes et un régime moins carné, les émissions de gaz à effet de serre passent de 1,6 tonnes à 1 tonne de CO2 équivalent par an et par habitant. Ceci est lié au fait que la production de viandes et de laitages est plus émettrice de gaz à effet de serre que celle des fruits et légumes. D’après l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), le secteur de l’élevage serait à l’origine de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont 9,3 % pour les bovins (qui produisent d’importantes quantités de méthane).
Sources
Un article (en anglais) qui résume les méfaits d’une alimentation trop riche en viandes, 2018
Une synthèse des études sur la nocivité d’un excès de viandes, 2022
Les enjeux de la consommation de viande en France, Commissariat général au développement durable, 2022