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Certaines publications ont affirmé, en réaction à la promotion des insectes comme aliments du futur, que la carapace des insectes n’était pas digestible par les êtres humains et, pire, qu’elle avait le pouvoir de favoriser des maladies, en particulier des cancers. Qu’en est-il ?

 

La carapace des insectes, comme celle des crustacés, est composé de chitine, un glucide (« sucre ») azoté. Pendant longtemps, les scientifiques ont cru que la chitine, comme la cellulose des végétaux, n’était pas digestible par les mammifères (chez les ruminants, la cellulose n’est pas digérée par l’animal lui-même mais par les micro-organismes contenus dans la panse). Pourtant, de nombreux mammifères se nourrissent exclusivement d’insectes : tous les insectivores (comme les hérissons, les fourmiliers, les chauve-souris, etc.), mais aussi, de manière occasionnelle, les singes et… l’être humain dans de nombreuses cultures, par exemple en Asie ou en Afrique.

 

En fait, des travaux récents ont montré que le système digestif des mammifères produit une enzyme capable de digérer en partie la chitine : la chitinase acide mammalienne. Nous ne sommes peut-être pas capables de complètement digérer la chitine mais nous en digérons une partie. Le reste se comporte comme la cellulose en constituant des fibres insolubles qui aident le transit intestinal.

 

Certaines personnes alarmistes ont également évoqué le fait que les insectes contiennent des hormones stéroïdes appelées ecdystérones (qui jouent un rôle dans la croissance et la maturation des insectes). Selon ces personnes, ces stéroïdes pourraient favoriser des cancers. En fait, des études sur des cellules en culture ont suggéré que ces ecdystérones auraient plutôt un effet inhibiteur sur les cellules cancéreuses ! Mais il ne faut pas en conclure qu’elles ont un intérêt pour soigner les cancers…

De plus, ces substances sont présentes dans de nombreux aliments d’origine végétale, comme le quinoa ou les épinards par exemple. Ces végétaux en contiennent beaucoup plus que les insectes à poids égal, sans que leur consommation ne soit la cause d’un risque plus élevé de cancer (par exemple, dans les populations andines dont le quinoa est la base de l’alimentation).

 

En conclusion, chez les personnes qui consomment régulièrement des insectes, il n’existe aucune évidence d’un risque plus élevé de cancer ou d’autres maladies. Ni la chitine, ni les ecdystérones ne sont des substances susceptibles de favoriser le cancer.

Attention, certaines personnes allergiques aux crustacés sont en fait allergiques à la chitine de leur carapace. Les autorités sanitaires invitent donc ces personnes à être vigilantes en cas de consommation d’insectes, pour prévenir une réaction allergique croisée entre chitine des crustacés et chitine des insectes.

 

Sources

 

Sur la chitinase des mammifères, 2018

Sur l’action des ecdystérones contre les cellules cancéreuses, 2021

Attention Cet article d'actualité rédigé par un auteur scientifique reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à la date de sa publication. Il ne s'agit pas d'une page encyclopédique régulièrement remise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc.

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