Cette question fait référence au risque lié à la présence d’isoflavones dans les aliments à base de soja (« lait » de soja, tofu, tempeh, yaourt au soja, steak de soja, etc.), mais aussi dans les compléments alimentaires à base de soja. Les isoflavones font partie de la famille des phytoestrogènes, des substances végétales proches des hormones féminines (estrogènes). Elles font logiquement partie des perturbateurs endocriniens, mais de niveau 2, c’est-à-dire moins problématiques.
Il n’existe pas de recommandations générales sur la quantité de soja qu’il est possible de consommer chaque jour. De plus, de quel produit à base de soja parle-t-on ? Pour normaliser les différences entre les aliments à base de soja, les études évoquent plutôt la quantité de protéines de soja consommée, en sachant par exemple que 100 g de tofu ferme contient 8 g de protéines et que 100 ml de « lait » de soja en contient 2,8 g. On estime qu’en Asie, la consommation moyenne de protéines de soja est d’environ 50 g par jour. Cette quantité est souvent évoquée dans les études comme un maximum acceptable pour les adultes en bonne santé.
Depuis 2005, les autorités françaises recommandent de ne pas dépasser 1 mg d’isoflavones/kg de poids/jour (c’est-à-dire qu’une personne pesant 70 kg ne devrait pas consommer plus de 70 mg d’isoflavones par jour). La quantité d’isoflavones varie selon les aliments : 35 mg/100 g de tofu ferme, 15 mg/100 g de « lait », 52 mg/100 g de tempeh. Les isoflavones (et donc les produits à base de soja) sont contre-indiquées chez les enfants de moins de 3 ans, les femmes enceintes ou qui allaitent, ainsi que chez celles qui ont des antécédents personnels ou familiaux de cancer hormonodépendant : sein, utérus ou ovaire.
Les isoflavones semblent augmenter le risque d’hyperplasie de l’endomètre (lésions précancéreuses au niveau de l’utérus). Les hommes qui présentent des troubles de la prostate doivent également surveiller leur consommation d’isoflavones. Du fait de leur activité estrogénique, les isoflavones pourraient de plus avoir un effet négatif sur la fertilité masculine.
Par ailleurs, les protéines de soja peuvent interagir avec de nombreux médicaments : les anticoagulants (fluidifiants du sang), les hormones thyroïdiennes, les traitements de l’ostéoporose, ou encore la chimiothérapie des cancers du sein, de l’utérus ou de l’ovaire. De plus, les isoflavones semblent elles aussi interagir avec de nombreux médicaments : ceux des traitements contre l’ostéoporose, des traitements hormonaux ou des traitements contre les cancers du sein, de l’utérus ou de l’ovaire.
En conclusion, il est possible pour un adulte de manger du soja tous les jours en respectant la limite de 50 g de protéines issues du soja par jour, à condition de ne pas faire partie des populations chez qui les isoflavones sont déconseillées ou contre-indiquées (voir ci-dessus).
Rappelons que pour l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), la consommation de produits à base de soja (lait de soja par exemple) est contre-indiquée chez les enfants de moins de 3 ans, voire pendant toute l’enfance et la pré-adolescence. Enfin, les personnes allergiques aux aliments à base de soja doivent, bien sûr, éviter ces produits.
Sources
« Sécurité et bénéfices des phyto-estrogènes apportés par l’alimentation », Agence française du médicament - Anses
« Avis de l’Anses relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS pour les enfants de 0 à 3 ans », Anses, 2019
« Le soja : influence de sa consommation sur la santé humaine », Thèse de médecine, 2013