Un concept mal défini, sans efficacité prouvée hors carences et qui ne remplace pas une alimentation équilibrée.

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Il est difficile de répondre à cette question. En effet, personne n’est d’accord sur la définition et le périmètre de ce qu’on appelle « micronutrition ». La définition la plus souvent acceptée est celle d’une approche préventive, fondée sur l’administration de micronutriments, par exemple des vitamines ou des oligo-éléments.
Là où les choses se compliquent, c’est lorsqu’il s’agit de définir le contexte. Un médecin dans un hôpital qui prescrit de la vitamine C à une personne âgée qui présente des signes de scorbut (oui, cela est récemment arrivé en France) ne fait pas de la micronutrition mais de la médecine, tout simplement. Idem pour tous les médecins généralistes qui prescrivent de l’acide folique (folates, ou vitamine B9) à leurs patientes qui envisagent ou débutent une grossesse (pour réduire le risque de spina bifida chez l’enfant).
Alors pourquoi avoir créé le concept de micronutrition ? D’autant plus qu’une alimentation équilibrée et diversifiée apporte tous les micronutriments dont notre corps a besoin. Un cas particulier qui met en évidence ce qu’on entend par micronutrition est celui des athlètes qui essaient, en enrichissant leur alimentation en micronutriments, d’améliorer leurs performances.
En 2003, l’Afssa (désormais Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié une expertise sur la validité du concept de micronutrition dans l’alimentation des sportifs. Dans ses conclusions, l’Afssa estimait que :
  • « la micronutrition n’est pas actuellement un concept défini au plan scientifique et ne bénéficie pas d’une reconnaissance officielle des institutions compétentes ;
  • la prise en charge nutritionnelle des sportifs doit se faire conformément aux règles édictées par les recommandations consensuelles et conformément à la réglementation en vigueur ;
  • la supplémentation systématique sans justifications biologiques reconnues est à proscrire ;
  • il n’existe pas actuellement de marqueurs scientifiquement validés et dont le lien avec les effets biologiques revendiqués a été établi. »
En d’autres termes, l’allégation disant que la micronutrition améliore les performances sportives est injustifiée (et interdite sur les emballages de compléments alimentaires).
Pour finir ce rapide tour d’horizon, rappelons que de nombreux micronutriments, lorsqu’ils sont ingérés en excès, sont toxiques : vitamines A, D, E et K, sélénium, fluor, manganèse, cuivre… pour n’en citer que quelques uns. La supplémentation en vitamine E, B6 ou B12, par exemple, augmente significativement le risque de cancer du poumon chez les fumeurs.
 
Sources
L’expertise de l’Afssa sur la micronutrition chez les sportifs, 2003
Les récents cas de scorbut en France, 2019
La toxicité d’une supplémentation en vitamines B6 et B12 chez les fumeurs, 2017
La toxicité d’une supplémentation en vitamine E chez les fumeurs, 1994
Attention Cet article d'actualité rédigé par un auteur scientifique reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à la date de sa publication. Il ne s'agit pas d'une page encyclopédique régulièrement remise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc.

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