Non, il n’existe aucune preuve de l’efficacité du régime dit « cétogène ».

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Depuis quelques années, des sites internet, des documentaires et des livres vantent les mérites du régime dit « cétogène ». Ce régime, qui consiste à éliminer les glucides (« sucres ») de l’alimentation et à les remplacer par des graisses et des protéines, est proposé pour lutter contre toutes sortes de maladies : cancers, Alzheimer, maladies inflammatoires chroniques (Crohn, polyarthrite, spondylarthrite, etc.), obésité, etc.
En supprimant les glucides, on force le foie à produire une autre source d’énergie pour les cellules (les « corps cétoniques », en particulier le bêta-hydroxybutyrate). Ces corps cétoniques seraient responsables des effets bénéfiques décrits précédemment, en particulier via une action anti-inflammatoire.
La réalité est loin de toutes ces promesses. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a publié en janvier 2019 les résultats d’un travail qui montre clairement que le bêta-hydroxybutyrate, loin d’être anti-inflammatoire, favorise au contraire l’inflammation ce qui pourrait provoquer des complications dans les maladies inflammatoires chroniques et dans la maladie d’Alzheimer.
Dans le domaine du cancer, les spécialistes déconseillent formellement le régime cétogène qui pourrait théoriquement aggraver, via une exacerbation de l’inflammation, une diffusion des métastases. En 2018, une analyse croisée des 11 études cliniques menées sur l’action du régime cétogène dans le cancer a été publiée dans le Journal of Human Nutrition and Dietetics : elle conclue à l’absence de preuves convaincantes.
Par ailleurs, l’usage du régime cétogène pour réduire la fréquence des crises d’épilepsie chez les enfants réfractaires aux traitements habituels, une méthode utilisée empiriquement depuis un siècle, a perdu de sa crédibilité lorsqu’une analyse croisée des essais cliniques a été publiée en 2016, qui ne montre guère de bénéfices et met en avant les effets indésirables de ce régime (diarrhées, constipation et vomissements) et la difficulté des parents des enfants épileptiques à le mettre en œuvre de manière durable.
 
Sources
Le compte-rendu des recherches de l’Inserm, 2019.
Un entretien vidéo avec le Pr Gilbert Deray, pharmacologue-néphrologue, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, sur le régime cétogène, 2019.
La revue des études cliniques sur cancer et régime cétogène, 2018.
La revue des études cliniques sur épilepsie et régime cétogène, 2016.
Attention Cet article d'actualité rédigé par un auteur scientifique reflète l'état des connaissances sur le sujet traité à la date de sa publication. Il ne s'agit pas d'une page encyclopédique régulièrement remise à jour. L'évolution ultérieure des connaissances scientifiques peut le rendre en tout ou partie caduc.

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